BRALTARD GIL
gil.braltard [at] gmail.com
30250
Aubais
Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Fantastique et SF
Biographie :
Gil Braltard est le pseudonyme de Hicham Charif.
Informaticien de profession, il observe avec une froide vigilance l’évolution des systèmes de calcul et l’interconnexion des machines prépensantes.
Lecteur intensif durant ses trente premières années, il s’est mis sur le tard à l’écriture, quand il a consenti à admettre – à tort peut-être – qu’il avait quelque chose à dire. Il vient de publier aux Editions Céléphaïs "L’ère des phalanstères", roman d’anticipation politique qui convoque les utopistes et anarchistes du XIXe siècle pour les projeter dans un monde bipolaire au XXIIe.
Son premier roman (paru sous son vrai nom) "Les virus de l’ombre" a obtenu le prix Méditerranée des lycéens 2008 et le prix Farniente 2008.
Bibliographie non exhaustive :
Sous le pseudonyme de Gil Braltard :
L’ère des phalanstères, éd. Céléphaïs, 2011 (SF).
Sous le patronyme de Hicham Charif :
Les virus de l’ombre, éd. Le navire en pleine ville, 2006 (roman). Prix Farniente. Prix Méditerranée des lycéens 2008.
Extrait :
Extrait d’un roman noir inachevé
À quarante-deux ans, il était le doyen des jockeys d’obstacle de l’écurie d’entraînement.
En plat, où il était logique, compte tenu de la dangerosité moindre de la discipline, que les jockeys se retirent des courses à un âge plus avancé que leurs confrères de l’obstacle, seuls deux cavaliers le dépassaient de quelques années en longévité. Mais il était rare, voire exceptionnel, qu’un jockey d’obstacle perdure au-delà de la quarantaine.
La quarantaine, c’était l’entrée dans le troisième âge pour ces casse-cous couverts de cicatrices. En vingt-quatre ans de carrière, ils avaient eu largement le loisir de goûter les désagréments de toutes natures consécutifs à une chute. Depuis les entorses, élongations et autres luxations jusqu’aux fractures ouvertes, qu’il fallait réduire sur place, alors que dans le même temps était abattu, pour le même traumatisme, le cheval maladroit. À quoi bon soigner à grands frais un équidé ravalé, par le seul diagnostic du vétérinaire, du statut de splendide pur-sang, promis à un glorieux avenir, à celui, bien moins reluisant, de retraité prématuré, handicapé à vie, destiné pour le restant de ses jours à traîner sa patte folle dans les prés du domaine de Pech Petit ? Au moins, le propriétaire toucherait-il l’indemnité d’abattage et le coût du transport de la carcasse serait pris en charge par l’équarrisseur. Un boucher n’en aurait pas voulu, tant ces pauvres bêtes sont saturées, à l’issue d’une course, d’acide lactique et autres substances moins naturelles.
Maxime était bien passé une demi-douzaine de fois sur le billard, et son corps en gardait des traces indélébiles. Mais seule une balafre sur la joue gauche était exhibée à la vue du public, le reste étant réservé à ses maîtresses occasionnelles ou, dans les douches et les vestiaires des hippodromes, aux autres jockeys. En revanche, une fois descendu de son destrier, une claudication prononcée, fruit d’un geste chirurgical brouillon, rappelait aux turfistes le lourd tribut que ce cavalier vieillissant avait dû payer à sa passion. Il considérait cependant qu’il avait de la chance, beaucoup de chance. D’autres y avaient laissé leur vie ou, pire, s’étaient retrouvés cloués à jamais dans un fauteuil roulant, bras et jambes inertes, après avoir reçu sur le dos la demi-tonne d’os et de muscles de leur monture. La course d’obstacles n’avait pas usurpé sa réputation d’activité sportive la plus dangereuse au monde. Ah, s’il avait été moins grand, moins lourd, Maxime aurait pu “rétrograder” vers le Plat. Mais ses soixante-trois kilos pour un mètre soixante-neuf lui interdisaient une fin de carrière plus paisible. Et au fond du lui, il n’était pas mécontentent que cette porte-là lui soit fermée, l’empêchant de succomber à une faiblesse passagère. Car il ne connaissait pas sensation plus forte que celle qu’il éprouvait au moment où il se jetait avec sa monture au-dessus d’un oxer ou d’un open ditch. De cette montée d’adrénaline, il était dépendant.