RENAUD FRANÇOISE

fr [at] francoiserenaud.com
6 rue du Lassédéron
34880 Lavérune
Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Poésie, théâtre
Livre jeunesse
Littérature
Arts
Biographie :
Se raconter en quelques lignes, un exercice bien difficile.
Commencer par ma naissance en Pays de Retz - le plus méridional des pays bretons -, et puis l’enfance rythmée par la plage en été et les tempêtes d’hiver. Je rejoins le Languedoc pour étudier les sciences de la terre. En parallèle, je me découvre un désir d’écriture - un engagement à long terme.
Premier roman publié en 1997 chez HB éditions : L’enfant de ma mère. Virage et aventure. Je me dis qu’écrire, ça n’est pas rien. Sans trop savoir pourquoi, je poursuis la bataille. D’autres livres paraissent. Le Centre national du Livre m’attribue une bourse fin 2002.
L’écriture se glisse sous ma peau comme une deuxième peau.
Certaines expériences vont compter. Lire Beckett, Faulkner et Claude Simon par exemple. Ou écrire des dramatiques pour les Ateliers de Création de Radio France (2001). J’attrape le goût du texte délivré par la voix humaine et me lance dès 2003 dans une recherche fervente avec le compositeur et violoniste Frédéric Tari autour de la lecture-concert (nous créons notre duo Voyages Immobiles et interprétons mon récit "Assis sur la falaise" sur scène en 2008).
Coordonner le webzine littéraire et artistique de l’association Autour des Auteurs en Languedoc-Roussillon Roussillon (de mars 2007 à septembre 2014 ) m’a donné l’occasion d’inventer des passerelles entre la littérature et les autres arts. En fait plus j’écris, plus je sais observer et m’émerveiller d’un rien. Écrire est devenu art de vivre. Écrire nourrit mes ténèbres.
Ce qui m’intéresse : les lumières sauvages, les pulsations du monde, les sentiments des hommes.
Ma collection Petites Proses regroupe des récits issus du quotidien ou d’ateliers d’écriture de nature plus expérimentale.
Bibliographie non exhaustive :
Immensité, là, éd. Encre & Lumière, 2018 (poésie). Retrouver le goût des fleurs, éd. CLC, 2017 (roman). Oh pas bien large, éd. Encre et Lumière, 2017 (prose). Ce qu’elle veut dire, éd. Chèvre feuille étoilée, 2015 (récit). Côte de Jade – L’emprise de l’océan, éd. CLC, 2014 (beau livre). Petite musique des vivants, éd. CLC, 2012 (roman). A côté d’elles, proses poétiques, calligraphies Marcel Zaragoza, espaces picturaux Frédéric Plumerand, éd. Les 3 Spirales, 2012 (poésie). Lol et la fascination, éd. Le lutin malin, 2011 (roman). Au-delà du blanc, Richarme (1904-1991), éd. CLC, 2010 (récit). L’autre versant du monde, éd. CLC, 2009 (roman). La princesse de Sambhaar, Rajan enfant d’Inde, illustrations Monique Della-Negra, conteur Marcel Zaragoza, éd. Lutin Malin, 2009 (conte jeunesse). Le voyageur au-dessus de la mer des nuages : vie d’un pétrographe, éd. Gabriandre, 2008 (roman). Asie, figures secrètes, photographies Violette Dougados-Morais, éd. CLC, 2007 (beau livre). Le regard du père, éd. Aedis, 2006 (roman). La peau de dingo, peintures originales Denis Caporossi, éd. CLC, 2006 (roman). Créatures du fleuve, éd. Aedis, 2004 (roman). Sentiers nomades, éd. Aedis, 2003 (roman). Assis sur la falaise, gravures Alain Bar, éd. CLC, 2003 (roman). L’homme d’en face, éd. Aedis, 2001 (roman). Aujourd’hui la mer est blanche, éd. Aedis, 2000 (roman). Femmes dans l’herbe, éd. Aedis, 1999, éd. de la Loupe, 2007 (roman). L’enfant de ma mère, éd. HB, 1997, éd. CLC, 2004 (roman).
Extrait :
Fixer le sol
… ce chemin-là conduit à la rivière. Dans sa partie basse la pente s’accentue, devient escalier puis tremplin de terre battue. La végétation est plus fournie d’un coup à cause du voisinage de l’eau - trop longue serait la liste des essences d’arbres et de plantes qui aiment à croître là, seulement retenir l’impression de luxuriance et l’odeur de forêt.
Le sentier se poursuit vers l’amont sur plusieurs dizaines de mètres et rejoint une passerelle qui enjambe le bras d’eau. L’eau : sombre, presque noire. Compagnie obsédante allongée partout sous la ville, creusant des chemins dans la pierre. Aujourd’hui j’imagine les rideaux d’arbres, le fouillis des haies, les arrachements de terre grasse, cailloutis racines fougères entrelacées constituant ces berges soumises à des crues répétées. Sans doute qu’il n’y avait personne ce jour-là en train de se promener, personne accoudé au parapet du pont en train d’observer le fil de l’eau. En cette saison le soleil n’est plus assez costaud pour procurer aux sous-bois de la chaleur. A moins que certains tapis dans les broussailles fussent décidément trop absorbés par ce qu’ils faisaient pour lever la tête au furtif froissement des branches contre le tissu de ton imperméable. Tu les aurais ignorés de toute façon.
Tu passes.
Ils ne remarquent rien.
Tu passes. L’eau t’attire. Irrésistiblement. Tes décisions sont prises et quand tu entreprends de remonter la rivière qui coule dans son berceau de racines et de feuilles, tu as cessé de réfléchir.
Tiges souples et dures tissées en profondeur jusqu’à constituer des filets, des forêts aquatiques. Poissons à chair blanchâtre. De ton acte, il n’y aura pas de témoin.
Depuis que c’est arrivé, j’ai souvent marché derrière toi au bord de la route départementale où il n’y a plus de trafic depuis que les camions empruntent la déviation. Je n’ai pas trouvé trace de tes semelles dans la terre humide des talus, pas même quelques griffures. Il y avait foule d’oiseaux dans les aubépines ce jour-là, de ça au moins je peux être sûre, le ciel était encombré de nuages venus de l’atlantique, et il montait depuis le sous-bois une forte odeur d’humus. J’ai ressenti la douleur répandue dans tes yeux dans ton corps alors que tu marchais vers la rivière tout en fixant le bout sur tes souliers. Un long moment j’ai écouté la musique du cuir mouillé - bientôt noyé.
Je comprends.
Si douce autour de ton ventre la caresse de l’eau.
Juste après j’ai regardé ton visage sur une ancienne photographie.
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