DENOYEL ANNICK

Biographie : Née le 08 mars 1945 à Roanne (Loire). Domiciliée à Baillargues. 15 années d’animation d’atelier d’écriture. 30 ans enseignante en IUT à Paris et à Valence. En 1999, à 54 ans, prend une retraite anticipée pour se consacrer à l’écriture. Après trois livres édités et dix années d’animation d’ateliers d’écriture et d’organisation de rencontres culturelles, se consacre à la gravure et cherche un chemin entre l’image et les mots. Avec la gravure, l’écriture se dépouille de la narration pour ne garder que la graphie d’un mantra répété en boucle, sans souci aucun de lisibilité, sur des matrices de carton, plexiglas, zinc ou bois. Creusement, au-delà du sens, d’ un profond sillon. Écriture prière. Écriture blessure. Puis naissent les livres d’artiste. L’écriture renoue avec le récit mais cette fois en parallèle avec les estampes, dans une complémentarité vécue comme nécessaire. Du coup la plaque n’a plus forcément besoin d’offrir sa peau pour être tatouée de mots ; elle accueille désormais des images épurées, obtenues parfois sans scarifications, juste "en épousailles", comme celles de la série des Trente-six vues du Pic Saint-Loup, déclinées en produisant par ailleurs une matière textuelle qui cherche à renouer avec le sens. Créations plastique et littéraire confluent en une même expression comme les deux versants d’une montagne, d’une valeur suprême. Bibliographie non exhaustive : Lire écrire, 2018 (livre d’artiste). Petites natures pas si mortes, 2017 (livre d’artiste). 36 vues du Pic Saint-Loup, sélectionné pour l’exposition à la galerie HD Nick à Aubais, 2015 (livre d’artiste). La forme informe, ou comment à partir de formes créer une histoire, 2013 (livre d’artiste). Menstrues, 2e prix spécial du jury des Chapiteaux du livre en 2012 à Béziers pour le concours "L’œuvre au rouge" (livre d’artiste). En fin de conte, éd. Aléas, 2008 (nouvelles). Un tout petit nuage, éd. Aléas, 2007 (nouvelles). A l’article de l’amour, éd. Aléas, 2007 (poésie). Extrait : Lire écrire Ce fameux été, je ne suis donc pas allée dans les Cévennes, pas même à la plage à Carnon ou Palavas. Les feuilles sont tombées. Celles du figuier, dans le jardin, tout d’abord souples et jaunies, se sont mises à foncer et se recroqueviller comme de larges mains cherchant en vain à saisir la vie pour finir figées dans une raideur cadavérique, noire et craquante. Puis ce fut au tour des platanes de se dénuder sur la nationale et celui des micocouliers et acacias à la terrasse du bar de mon village. Le cerisier sauvage que je voyais du séjour de ma maison fit la clôture de la saison. De mes rêves d’évasion rien ne s’était réalisé, que traverser le grand vide du temps, sans regard à croiser, sans paroles à échanger, sans gémir, avec en horizon un avenir incertain, peut-être même pas d’avenir du tout. Pourtant, un petit changement s’était opéré dans mon quotidien : je m’étais mise à écrire. Et là, personne pour venir m’interrompre dans cette aventure ou me décourager. Sauf peut-être un personnage étrange qui commençait à entrer dans ma vie, le lecteur.