FAYE BERNARD

Biographie : Bernard Faye est de formation vétérinaire, spécialisé en élevage et médecine vétérinaire des pays tropicaux, docteur ès Sciences de l’Université de Paris et de Montpellier. De 1975 à 1983, il séjourne en Afrique (Ethiopie, Niger) dans des activités de recherche-développement avant d’intégrer l’Institut national de la Recherche Agronomique (INRA) comme directeur du laboratoire d’écopathologie animale. En 1996, il est détaché au CIRAD (Centre de Coopération International en Recherche agronomique pour le développement) comme chef du programme Productions animales. Depuis, il accumule les missions de recherche dans de nombreux pays (à ce jour, près de 70 pays visités). Il a commencé à s’intéresser aux grands camélidés en Ethiopie, étudiant le métabolisme des minéraux dans cette espèce. Peu à peu, par de multiples programmes de recherche en coopération (Maroc, Niger, Djibouti, Soudan, Algérie, Emirats Arabes Unis, Inde, Turkménistan, Kazakhstan, Mongolie, Oman…), il s’est constitué un réseau international de chercheurs en camélologie, ce qui l’amène logiquement à fonder et à prendre la direction de la Société internationale de Recherche et développement sur les camélidés (ISOCARD) qui organise des conférences triennales. Il est chevalier du mérite agricole et lauréat de l’Académie vétérinaire de France, professeur honoraire de l’Université de Gansu (Chine). Il est actuellement basé en Arabie Saoudite comme consultant pour la FAO dans un centre de recherches dévoué au dromadaire. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages scientifiques en écopathologie et sur les camélidés. Il a publié également un essai, deux beaux livres et deux romans. Bibliographie non exhaustive : Les galeries d’anatomie comparée et de paléontologie, coauteur Luc Vivès, éd. du Muséum, 2012 (science). Peuples du lait, coauteurs G. Duteurtre, C. Corniaux et P. Bonnet, éd. QUAE, 2010 (beau livre). L’or de Salomon. éd. Thelès, 2009 (roman). L’élevage, richesse des pauvres, codir. G. Duteurtre, éd. QUAE, coll. Update, 2009 (science). Impact of pollution on animal products, coauteur Y. A. Sinyavskiy, éd. Springer, Pays-Bas, 2009 (science). Bergers du monde. coéd. QUAE-Etudes et communications, 2008, 2011 (beau livre). La princesse de Bactriane, éd. La Société des écrivains, 2008 (roman). Guide de l’élevage du mouton méditerranéen et tropical, coauteurs C. Meyer et H. Karembe, éd. CEVA Santé Animale, 2004 (science). Le dromadaire pédagogique, coauteurs M. Launois et M. Kriska Aouttchiki, éd. CIRAD, coll. les savoirs partagés, 2002 (livre pédagogique). Modélisation du fonctionnement des troupeaux, codirection S. Ingrand, coéd. INRA-CIRAD, 2000 et 2001 (science). Symposium technique : Bilan et perspectives de programmes européens sur les petits ruminants en Afrique, 20 mai 2000, éd. CIRAD-EMVT, 2000 (science). Al morchid fi tarbiat ai ibil, coauteur M. Bengoumi, éd. Sanofi, Maroc, 1999 (science). Guide de l’élevage du dromadaire, éd. Sanofi, 1997 (science). Eleveurs d’Ethiopie. Ed. Karthala, Paris, 1990 (essai). Extrait : ELOGE DU NOMADE Dr Bernard FAYE Les évènements de l’été 2010 en France ayant mis en avant le « problème des gens du voyage » renvoient une fois de plus à un ensemble de préjugés sur un mode de vie que bien de nos contemporains considèrent comme une relique du passé, une manière de vivre relevant au mieux de l’archaïsme, au pire d’un refus de l’intégration dans la « modernité ». Les nomades seraient ainsi voués à une lente disparition, à une irrémédiable dissolution dans la société des sédentaires, voulue ou espérée par des autorités politiques soucieuses de contrôler une population jugée en inadéquation avec le projet d’une modernisation du monde. Les préjugés, les méconnaissances, les idées reçues sont largement partagées sur le fait du nomadisme qui relève d’une opposition sociologique structurante. Pourtant, l’histoire des civilisations tout comme l’analyse des contingences à l’aune des préoccupations engendrées par les changements climatiques attendues, militent pour un autre regard sur le nomadisme, pour un plaidoyer révélant certaines dimensions de la sagesse des peuples nomades, pour un éloge mesuré du nomadisme. Nomades et sédentaires. La dualité du monde est une constante. La nuit succède au jour, la mort à la vie, l’amour s’oppose à la haine et les nomades aux sédentaires depuis l’aube des temps bibliques. L’agriculteur Caïn en tuant son frère pasteur Abel marquait l’histoire symbolique des sociétés du sceau de l’éternelle opposition entre sédentaires, ceux liés à la terre et nomades, ceux liés à l’espace accompagnant leurs troupeaux. Vision certes manichéenne, mais la pérennité des conflits entre agriculteurs et transhumants dans la brousse sahélienne autour des champs de mil et de sorgho souligne combien cette opposition demeure encore vive dans les sociétés ou l’urbain ne l’a pas encore emporté sur le rural.