Le vide de la distance n'est nulle part ailleurs
C'était juste avant la dernière fin du monde, en suivant l'intuition qu'il ne fallait pas craindre le ciel mais plutôt tendre l'oreille pour l'écouter. Parce que traduire l'intangible s'imposait pour redonner du sens à ce qui n'en avait plus, l'idée soudaine qu'un oracle cosmique pourrait peut-être nous révéler des renseignements jusqu'à ce jour tenus secrets - nous offrir, enfin, les réponses aux énigmes restées en suspend.
C'est ainsi qu'un radiotélescope a entrepris de scruter la Voie lactée pour capter des ondes radio en provenance du cosmos. Grâce à un programme informatique dédié, leurs fluctuations activent un générateur de texte aléatoire, lui-même relié à une imprimante matricielle. Reflet de l'acharnement humain à fabriquer du sens avec tout ce qui lui tombe sous la main, ce dispositif servant à faire parler l'Univers persiste infatigablement, depuis, à raconter l'histoire invisible de l'espace et du temps.
Plus tard, à la recherche de la magie entre les lignes, il fallut plonger dans l'immensité du corpus ainsi constitué pour en extraire minutieusement des fragments, puis les assembler patiemment. Une manière de faire naître des images poétiques en appliquant du rêve sur des choses que nous pensions pourtant connaître par coeur, proposant ainsi une nouvelle grammaire du réel. La suite se devine : elle est près de l'horizon du trou noir.