L'Europe et la profondeur, Le bruit du temps
« Le Bruit du temps est comme le fond silencieux-sonore qui emplit de sa musique « brute » l'espace du monde - l'invisible intervalle/élément, pareil à la caisse de résonance de cette « (inaudible) musique », que se ménagent entre elles, non pas les choses de ce monde, mais leurs présences, selon, fleurissantes ou fanantes - ; mais « bruit » qu'il ne nous est loisible d'entendre que si nous avons préalablement procédé au toilettage « musical-spirituel » de cet espace de tout le bavardage époqual qui, le plus souvent, l'emplit et le pollue en ce mode tonitruant-idéologique (...). Et si la présente et « absolument moderne » domination a accru dans de telles proportions, probablement jamais vues avant elle, le niveau de ce « bavardage », c'est sans doute parce qu'elle est la première convaincue de cette vérité que, si par malheur (pour elle) ce bavardage devait cesser, la possibilité qui, par cette cessation, serait alors offerte aux habitants de ce monde et de son « espace de résonance » de se mettre à tout instant à l'écoute de ce « bruit du temps »... constituerait pour ses « intérêts (de domination) » une sorte de catastrophe. »
Dans ce quatorzième tome de L'Europe et la Profondeur apparaissent aussi pour la première fois - via notamment de longues analyses des Mémoires de Saint-Simon, du Tour d'écrou de Henry James et de La Lettre volée de Poe - les notions de « (strict) littéraire » et de « (pur) scripturaire »... qui vont prendre tant d'importance dans les volumes ultérieurs (déjà écrits mais encore inédits) du « grand récit » de Pierre Le Coz. Par quoi le présent ouvrage vient comme une sorte de changement de direction dans la rédaction de l'« océan textuel » que constitue désormais cette Profondeur ; et inflexion « pensive » qui, d'une certaine façon, fait « rebondir » l'écriture du texte éponyme : en conférant à la spirale du sens qu'elle avait jusqu'ici suivie... un « chemin philosophique et, (sinon) plus sûr », du moins plus libre - celui qui va faire passer l'auteur de cette « Somme » de la dimension de ce « (strict) littéraire » (jusque-là seulement « illustrée ») à celle de ce « (pur) scripturaire ». Qu'il s'agit donc à présent d'explorer... en son a-byssalité la plus radicale.