
[epOcc] Praxis Criminis : enquête criminelle, mode d'emploi

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Je m'appelle Jean de Milles.
Avocat à Toulouse, j’ai été chargé par notre bon Roi-Chevalier François Ier d'enseigner la bonne manière de conduire une enquête criminelle à tous les magistrats du royaume.
Vous êtes intrigué ?
Venez voyager dans le temps au cœur de la criminologie du 16e siècle !
AGENDA
Rendez-vous le samedi 15 mars 2025 à 15h à la médiathèque centrale Emile Zola à Montpellier pour découvrir le Praxis Criminis revisité par les étudiants designers de l'école e-artsup Montpellier.
Projection et rencontre avec Christine Sinquin, médiathèque Emile Zola, Alexis Verhassel, doctorant en droit, Olivier Costes, auteur et les étudiants en 3e année de Motion Design à l’école e-artsup Montpellier, Guillaume ARDELLIER, Vincent RAZON, Matteo SCOTTO et Eden STOCKER.
Sous la loupe de la bibliothécaire
Rédigé par un avocat de Toulouse, Jean de Milles, et imprimé en 1541 dans le prestigieux atelier parisien de Simon de Colines, le Praxis criminis persequendi est le premier code français de procédure criminelle. Son originalité réside dans sa forme même : s’appuyant sur une affaire criminelle imaginaire, l’auteur y décrit la procédure suivie par des juges à une époque où il n’existe pas encore de code commun applicable dans les différentes instances judiciaires du pays.
Véritable manuel pour les jeunes magistrats, ce texte est accompagné de magnifiques gravures : 13 bois à pleine page riches de détails et dans un bel état de conservation ! De la nuit du crime à la mise en accusation, de l’audition des témoins à l’annonce du verdict, toutes les étapes sont évoquées en images.
Dans le cadre du projet epOcc, il nous a paru stimulant de provoquer la rencontre entre ce document incontournable de l’histoire du droit à la Renaissance et des étudiants du 21e siècle à la pointe du design numérique, ceux de l’école e-art sup de Montpellier.
Grâce à la création du scénario et de la bande-son originale par Olivier Costes et au travail d’animatique et de création graphique des étudiants, il est désormais impossible d’aborder ce document comme un obscur ouvrage de droit ! La magie d’epOcc opère : donner vie au patrimoine écrit, de fort belle manière et le partager sans modération.
Merci à tous les participants pour leur enthousiasme et leur professionnalisme !
Christine Sinquin, Département du Patrimoine écrit et graphique à la Médiathèque centrale Emile Zola à Montpellier
Le mot de l'auteur
Il arrive parfois des coïncidences troublantes.
Coïncidence n°1. Le jour où Mélanie Marchand m’a proposé de travailler au scénario de Praxis Criminis, je rentrais du palais de justice de Montpellier. Oui, le matin précédent son appel, je venais de porter plainte contre X pour tentative d’homicide auprès du procureur de la République. À peine rentré, on me propose de mettre en scène une intrigue policière.
Car Mélanie m’apprend que le projet consiste à valoriser la numérisation d’une série de textes anciens traitant d’affaires criminelles de la région Occitanie. Elle précise que la mission est de réaliser une courte vidéo dont j’écrirais le scénario et pourrais aussi réaliser la bande son.
Coïncidence n°2. Il se trouve que je suis un peu musicien, interprète, équipé d’un home studio professionnel. Comme il s’agit de donner vie à des gravures illustrées du XVIe siècle, Mélanie me demande si – à tout hasard – je connaîtrais une école d’animation vidéo à Montpellier.
Coïncidence n°3. J’enseigne à e-artsup Montpellier depuis 5 ans. Cette école forme les futurs directeurs artistiques des métiers de la création visuelle, de l’animation et du jeu vidéo.
Les planètes étant parfaitement alignées, voyons de quoi il retourne.
Praxis Criminis est un texte très original. Écrit par l’avocat Jean de Milles, c’est un récit à épisodes qui a un but pédagogique. Celui d’enseigner aux magistrats du royaume les étapes à suivre pour mener correctement une enquête criminelle. Cela s’inscrit dans une démarche d’uniformisation et de modernisation de la machine judiciaire voulue par François Ier.
De la scène de crime à l’arrestation des suspects, tout y est détaillé comme dans un vrai polar. Illustrations à l’appui. Les scènes de torture sont barbares et les supplices infligés aux coupables sont insupportables.
En plus de l’éclairage que le texte apporte sur l’appareil judiciaire de l’époque, la particularité du récit tient dans le regard critique que porte l’auteur sur les méthodes inquisitoriales. La torture est-elle vraiment nécessaire à la manifestation de la vérité ? Et que dire du théâtre de la terreur ? Montrer au public pendaisons, écartèlements, égorgements… est-ce vraiment dissuasif et moral ? N’est-ce pas au contraire exciter les plus bas instincts de l’âme humaine ? Jean de Mille, par ses interrogations, est le précurseur d’une réflexion humaniste qui considère que la peine capitale échoue dans la prévention du crime.
Le régime du supplice fait l’école du mal plutôt que le théâtre de la vertu.
Point de vue que je partage. Cette fois, ce n’est pas une coïncidence.
Olivier Costes, auteur
Dans les coulisses de la réalisation
Lors du démarrage du projet, nous n’avions que la version numérisée de l’ouvrage, ainsi qu’une première version du script, lue par Olivier Costes. À partir de l’étude des gravures et en suivant la voix cadencée d’Olivier, nous avons réalisé un animatic, c’est-à-dire un storyboard animé.
Entre-temps, nous avons eu la chance de visiter les magasins de la Médiathèque centrale de Montpellier et de pouvoir consulter l’exemplaire original, ce qui nous a aidé à définir le cadre dans lequel il allait prendre place.
Étant un petit groupe de quatre personnes aux talents très complémentaires, nous nous sommes partagés les tâches en tirant parti des compétences de chacun en animation 2D et 3D.
Pour la partie 2D, le travail consistait à détourer et séparer les gravures sur plusieurs calques, puis à mettre en mouvement chaque élément, comme une marionnette virtuelle. Le portrait de Jean de Milles fut réalisé à l’aide d’une IA.
En ce qui concerne la 3D, il s’agissait de modéliser le livre et son décor, et d’en réaliser les textures. Caméras et lumières furent ensuite placées pour donner à la scène son ambiance captivante et mystérieuse.
Ce travail technique et minutieux nous a permis d’obtenir le résultat final, que nous sommes fiers et heureux de vous présenter !
Guillaume ARDELLIER, Vincent RAZON, Matteo SCOTTO et Eden STOCKER, étudiants en 3e année de Motion Design à l’école e-artsup Montpellier