Activité(s)
Traducteur
Ecrivain
Genre(s)
Poésie, théâtre
Littérature
Culture régionale
Animations(s)
Conférences
Langue(s)
Espagnol
Biographie :
Patrick Gifreu passe une grande partie de sa vie reclus au pied de son oeuvre jeûnant et ne sortant que pour participer aux processions et aux quêtes afin de se procurer les fonds nécessaires à la poursuite des travaux. Il le fait dans des conditions toujours plus précaires, objet de l’indifférence des uns, de l’admiration muette des autres, des critiques des artistes soi-disant modernes et des moqueries acerbes des doctorants. Il a connu la renommée mais son oeuvre patrimoniale avance lentement en soulevant une incessante polémique.
Pour s’y consacrer, il a dû entrer en possession de son magnétisme inné. Il a dû incarner la réémergence d’une forme paradoxalement humble et belliqueuse de piété. Il a dû mourir à ce monde pour ressusciter en authentique vivant. Il sera celui qui revient comme la force rémanente de siècles de contention. Dans le but d’élargir l’ancestralité jusqu’à des limites inconnues.
Au midi de sa vie, il regagne une virulence capable de remettre la réalité sur pieds. Dans sa retraite active, il entre en possession de ses armes singulières pour opérer le passage du quantitatif au symbolique. Illuminé, sa mission devient quasi pastorale. Il capte le souffle de survie, en recherche l’étincelle là où prend force et élan la jubilation, l’euphorie première, la vertu magique de ce qui n’aurait pas été dénaturé. Il suit la veine d’une théologie des humbles, des nomades et des artisans, travaillant mezzo voce la matière rebelle jusqu’à ce que l’union verticalisée des contraires laisse entrevoir une conciliation.
Bibliographie non exhaustive :
Barcelone sans date / Barcelona sense data, éd. Rocher, 2004 (poésie).
L’escargot en 100 recettes, éd. Mare nostrum, 1999 (gastronomie).
Dali, un manifeste ultralocal, éd. Mare nostrum, 1997, rééd. Rocher, 2000 (peinture).
Autoplastia del cargol tocat pel bolet, éd. Trabucaire, 1989 (essai).
L’E muet, éd. Chiendent, 1983 (poésie).
En tant que traducteur :
Le livre des bêtes de Raymond Lulle, traduit du catalan par et présentation Patrick Gifreu, éd. Chiendent, 1995, éd. La différence, 1991, 2002 (littérature).
Promenade d’anniversaire de Jean Vinyoli, traduit du catalan par Patrick Gifreu, éd. La différence, 1990 (poésie).
Rue Marsala de Miquel Bauça, traduit du catalan par Patrick Gifreu, éd. La différence, 1991 (essai).
Le Livre de l’ordre de chevalerie de Raymond Lulle, traduit du catalan par Patrick Gifreu, éd. La différence, 1991 (littérature).
Joie de la parole de Miquel Marti i Pol, choix et trad. du catalan Patrick Gifreu, éd. La différence, 1993 (poésie).
Carnet vénitien : journal, suivi de "Palais d’hiver", et "La ville des extrêmes" de Alex Susanna, traduit du catalan par Patrick Gifreu, éd. Mare nostrum, 1993 (roman).
Livre de l’ami et de l’aimé de Raymond Lulle, édition et trad. du catalan Patrick Gifreu, éd. La différence, 1994 (littérature).
Olivetti, Moulinex, Chaffoteaux et Maur de Quim Monzo, traduit du catalan par Patrick Gifreu, éd. Serpent à plumes, 1994, 2003 (roman).
Chants d’amour et de mort de Ausiàs March, édition et trad. du catalan Patrick Gifreu, éd. La différence, 1994 (littérature).
Le Kamasutra catalan, traduit du catalan par Patrick Gifreu, éd. Mare nostrum, 1995, éd. du Rocher, 2000 (littérature).
Chants de noces des juifs catalans, présentation et traduction du catalan par Patrick Gifreu, éd. Mare nostrum, 1998 (littérature).
Journal d’un génie adolescent de Salvador Dali, traduit du catalan par Patrick Gifreu, éd. du Rocher, 2000, éd. Serpent à plumes, 2004 (peinture).
Blaquerne de Raymond Lulle, traduit du catalan par et préfacé par Patrick Gifreu, éd. du Rocher, 2007 (littérature).
Le sang du Vallespir, édition bilingue de Ludovic Massé, traduction catalane Patrick Gifreu, éd. Balzac, 2010 (nouvelles).
Le Livre des Vins de Arnaud de Villeneuve, traduit du latin, préfacé et annoté par Patrick Gifreu, éd. de la Merci, 2011 (essai).
Extrait inédit :
Avec sa résidence de pierre, Tàpies jouit d’un refuge quasiment spirituel par l’environnement dans lequel il s’insère, l’immensité du paysage qu’il embrasse. Ces massifs montagneux, ces zones forestières, ces paysages secs ou marécageux, ont jadis été habités par des personnages marginaux ou mythiques : saints, sorcières, ermites, bandits de grand chemin. Les crêtes sauvages et pelées y sont labourées de profonds canaux d’une pureté mystérieuse, qui remontent les éboulis d’un massif dans lequel abondent les aiguilles aux formes capricieuses. Au pied des falaises, de part et d’autre des gorges et des torrents sinueux s’étendent des zones boisées ou désertiques, traversées par les stries d’innombrables chemins ancestraux. Des sentiers suivent les crêtes au centre d’un panorama vertigineux. Et sont essentiellement évocateurs les grottes, les gouffres, les avens qui parsèment la chaîne. Une orographie complexe conforme ce sanctuaire à ciel ouvert.
Les anciens du village nous ont affirmé qu’une main divine dessina ce paysage mystique en prévision de l’art de Tàpies, afin de former l’œil du peintre, de codifier ses œuvres vouées à en répéter inlassablement les pics, les rochers, les vertiges. Qu’elle fit pleuvoir d’en haut ces dentelles de granit, les ficha dans la glaise pour mieux les tirer vers les étoiles, et les garder suspendues entre ciel et terre afin d’illustrer concrètement un impalpable mystère. Que, dès l’origine, cette même main, immatérielle et souveraine, destina ces failles et escarpements aux ermites et autres chasseurs d’absolu, qui y trouveraient leur royaume afin que la nostalgie de Dieu continue de hanter la mémoire des hommes. Montseny : la montagne du sens, ni de ce monde, présent, ni de l’autre, à venir, mais une fulgurance ténue, jetée entre les deux, une déchirure au coin de l’éternité. Une fenêtre sur l’invisible.
Extrait de l’essai "Tàpies, la dent de Bouddha" (inédit).
Localisation