GOUZY NICOLAS

nicolas.gouzy [at] wanadoo.fr
11290 Alairac
Activité(s)
Ecrivain
Genre(s)
Sciences humaines
Livre jeunesse
Littérature
Culture régionale
Conte
Animations(s)
Rencontres
Lecture
Conférences
Biographie :
Je crois que rien ne me destinait à écrire. Je ne crois pas en un destin qui déterminerait à priori les inspirations, les talents, les goûts de chacun. Je suis persuadé, au contraire, que l’on devient ce que le monde vous invite à devenir. Je n’ai pas écrit "vous pousse" sciemment, car l’on ne devient pas sous la contrainte, on cesse d’être en subissant. Je dois à mes parents, instituteurs selon l’ancienne mode, mes facilités et mon goût pour le français. Je dois à mes professeurs d’histoire le sens du temps et plus encore à mon professeur de géologie le sentiment que rien ne dure, sauf le roc le plus dur, et encore… Je dois à mon métier un millier de rencontres, à mon épouse un millier de moments d’amour et à mes enfants mon envie d’un demain meilleur. Je dois à mes lecteurs un millier de questions. Je vous en livre une : un auteur peut-il être son propre biographe ? Et chaque fois qu’il écrit sur lui-même n’est-il pas le personnage d’une auto-fiction ? Aussi bien, si je vous disais que j’ai, bientôt, 45 ans, que je suis bibliothécaire de formation, administrateur culturel d’une association, diabétique, titulaire d’un permis B et que, jeune coopérant, je suis parti au Niger, qu’en feriez-vous ? Et maintenant que vous m’avez découvert, sagement posé auprès de mes pairs, désireux d’être reconnu surtout au travers de ce que j’écris, avez-vous plus envie de me lire ?
Bibliographie non exhaustive :
Sous le patronyme de Nicolas Gouzy :
Parlottes et grignotes, éd. Tròba Vox, 2024 (essai). Wadé, coauteur Lafarge William, éd. Pueblo 2013 (roman). Le chevalier assis, éd. Privat, 2009 (roman). Cathares en Languedoc, dessins Philippe Jarbinet, photographies Guy Jungblut, éd. Empreinte, 2009 (beau livre). Les grandes batailles méridionales : mieux vaut mort que vif vaincu (1209-1271), codirection Laurent Albaret, éd. Privat, 2005 (document historique). Le pays cathare, photographies Gérard Sioen, éd. Equinoxe, 1995 (documentaire).
Sous le pseudonyme de Jean Hennegé :
Merci pour les fruits de mer, éd. Pascal Galodé, 2011 (policier). Guilhem : un enfant en pays cathare, illustrations Gemma Sales, éd. MSM, 2007 (album jeunesse). Marcus, un enfant en Provence romaine, illustrations Gemma Sales, éd. MSM, 1996, 2008 (album jeunesse). Jérémy : un enfant au Mont-Saint-Michel, illustrations Gemma Sales, éd. MSM, 1996 (album jeunesse). Cherchemonde : un enfant jongleur en terre cathare, illustrations Gemma Sales, éd. MSM, 1993 (album jeunesse).
Extrait :
Wadé
« Danse avec les morts » s’apprête. Au seuil du monde sans lumière, entouré de ses jeunes assistants, uniquement des mâles, il ôte ses vêtements, ses colliers de perles d’os et de plumes. Il ne garde qu’un pagne court. On lui enduit le corps et les cheveux d’une épaisse peinture violette faite de baies écrasées et d’argile. Il y trace avec trois doigts les entrelacs qui plaisent aux défunts et lui procurent la protection de la Mère. Ceux qui représentent les frisottis du courant à la surface des rivières, le souffle du vent dans les feuilles, la course des nuages, les traces faites par les troupeaux de « cornes enroulées » dans la neige. Tout ce que les morts ne voient plus et que les vivants n’apprécient pas à sa juste valeur. Il est le chamane des « fils de Mère-Terre ». Il a bu le jus longtemps fermenté des mêmes baies, mâché les graines noires et les champignons amers, il se sent prêt. Malgré son âge avancé — ses muscles et ses articulations le font souffrir depuis l’hiver dernier — il s’accroupit, s’allonge, puis s’engage dans le long boyau boueux qui mène dans le ventre de la terre. Il traîne derrière lui, attaché à sa cheville, un sac de cuir contenant de la cendre mélangée à de la poudre d’os, quelques morceaux de viande de cerf séchée, une lampe à graisse en pierre et quelques braises dans une branche creusée fermée d’un bouchon de terre glaise. Bientôt la pénombre fait place à l’obscurité complète. Seule sa mémoire du trajet l’empêche de s’ouvrir le cuir chevelu sur les aspérités de la roche. Il s’est blessé tant et tant de fois dans ce même boyau, tout le temps de son long apprentissage, que les murs portent surement encore des traces de son sang et quelques touffes de ses cheveux. Mais depuis cette époque, le moindre détail de la galerie est inscrit dans son corps. Il rampe avec assurance, tordant son corps pour passer au mieux les coudes et les étroits. Mère-Terre l’étreint sans faiblesse mais aussi sans haine. Il est en communion avec le roc, l’en-dessous ; il est le messager des âmes nées et des âmes mortes, des vivants et des défunts.
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