Blanquette ou la Nouvelle Chèvre de M. Seguin

Le conte a toujours été un vecteur puissant d’émotions, il nous ravit et nous terrifie à la fois, tout en exprimant nos peurs profondes et nos désirs enfouis ou non. Raconté au coin du feu, à la veillée, il évoque ce temps de partage où l’auditoire, suspendu aux lèvres du conteur, vibrait à l’unisson rien que par le pouvoir du récit. Reflet de la société, il évoque des problématiques universelles, qui lui donne une dimension cathartique. Inscrit dans notre culture commune, présentant de multiples niveaux de lecture, il est lu et relu, illustré, animé, filmé, adapté, réécrit, modernisé. C’est ce que nous proposons de faire aujourd’hui avec La Chèvre de M. Seguin, qui soulève plusieurs questions, celle de la liberté, par exemple, de ses dangers, et de son champs (au sens propre comme au sens figuré), de la place de la femme dans la société. Or, ces problématiques n’ont jamais été aussi actuelles. 

Nous avons eu envie de transformer ce conte sans le dénaturer pour qu’il entre à nouveau en résonance avec notre contemporanéité. Et si Blanquette, férue d’internet et de réseaux sociaux n’appréhendait le monde que par le petit bout de la lorgnette de son écran de tablette ? Et si, enfin, elle quittait le champ et découvrait que M. Seguin avait menti en prétendant que les autres chèvres avaient été dévorées par le loup ? Quels rôles, quels espaces pour ces figures féminines, pour Blanquette elle-même ?

Il nous semble qu’il y a là matière à réinterroger le monde à travers ce conte. Pour le donner à entendre de la meilleure façon à la lecture, nous l'avons écrit à la manière des fables, dans une version versifiée. La métrique est accompagnée, aux moments opportuns, d'une création sonore.

En espérant retrouver le bonheur du conte, ce moment de partage, de frissons et de plaisir, comme à la veillée...