Après la neige
Lui : Ma candidature a été retenue, j'ai dit. Je vais travailler à la décontamination. Mon contrat commence demain.
Elle : T'as mal à la tête, Alice saigne du nez, moi je vomis chaque matin, ça ne te suffit pas ?
Lui : Tu es enceinte ?
Elle : Très drôle.
Lui : C'est bien payé.
Elle : Tu seras encore plus irradié.
Lui : Mais qui va nettoyer ? Il faut bien nettoyer, si un jour on veut rentrer chez nous.
Elle : Les nucléides, ça ne se nettoie pas.
Lui : On va les racler, les déplacer, les mettre loin, c'est mieux que rien. On les stockera loin, dans des périmètres reculés. Là où les gosses ne jouent pas. Là où les gens ne se promènent pas. On les isolera. On les oubliera.
Elle : Trouve un autre travail.
Lui : II n'y a rien d'autre. (...) Quand une bêtise est faite, peu importe qui l'a faite, il faut réparer.
Lorsque la centrale a explosé, toute la population a été évacuée, dans le calme ouaté de la neige qui tombait... Un homme, une femme et une fillette sont aujourd'hui parqués, comme bien d'autres, dans les baraquements d'un camp de régugiés.
La vie reprend pourtant, presque comme avant. Car bien sûr il faut mesurer le taux de radiation et prendre quelques précautions, le temps pour la nature de se refaire une santé.
Alors, pendant que la mère vérifie tout et que la fillette tente de s'occuper dans ce monde d'interdits, le père va s'exposer sur le terrain pour racler ce sol irradié. Mais que faire des déchets ? Car quand la poussière, le vent, la neige sont contaminés, que peut réellement l'homme ?
Au rythme des saisons, empruntant à la poésie, au bestiaire des contes, et aux jeux d'enfance, Après la neige soulève la délicate question des accidents nucléaires, pointant du doigt la gestion des gouvernements et l'inanité des tentatives humaines dérisoires face à l'irréversible.