Bartolomé de Las Casas face à l'esclavage des Noir-e-s en Amériques-Caraïbes : l'aberration du Onzième remède (1516)
Las Casas est sans conteste l'une des « figures coloniales » les plus passionnantes et controversées dans le champ de études hispaniques, latino-américaines et caribéennes. Les motifs généralement associés à Las Casas sont aussi divers que variés ; ils portent en creux des enjeux tout à la fois épistémologiques, politiques et imaginaires : antiespagnol, défenseur des Indiens (et selon certain-e-s des Noirs), anticolonialiste avant la lettre, représentant frustré d'une véritable rencontre entre l'Europe et le « Nouveau monde », colonialiste à visage faussement humain, illuminé... À cela s'ajoute la question (polémique) de sa responsabilité dans la mise en esclavage néfaste des Noir-e-s, suite à la formulation de son Onzième Remède/solution en 1516.
Le présent ouvrage, transdisciplinaire et international, vise à revenir, partiellement mais rigoureusement, sur les circonstances historiques, politiques, économiques et imaginaires qui ont présidé à la dite proposition naguère faite par Las Casas, ainsi que, finalement, d'autres avant ou en même temps que lui. Par ce biais, son souci à lui était de libérer les Indiens des affres de l'exploitation espagnole qu'ils subissaient cruellement tout en se gardant de mettre en péril les intérêts de la couronne espagnole et des « colons missionnaires » engagés dans l'entreprise coloniale. Mais il s'agit aussi, dans cet ouvrage d'affranchir Las Casas de l'emprise des lectures purement historiennes qui en revendiquent le monopole, en examinant comment son itinéraire (formation, combats et conversions, publications, sa figure devenue mythique, etc.) est transcrit dans d'autres productions discursives et symboliques contemporaines.