La Crau, un espace poétique : de Frédéric Mistral à Max-Philippe Delavouët
« Alors, le mistral gémit, siffle, rugit, éclate ; tantôt il parcourt la Crau sous la forme d'un tourbillon, et alors les pierres s'élèvent en tournoyant comme une trombe ; tantôt il s'élance en rafales étroites, et alors il chasse les pierres devant lui comme des feuilles... » écrit Alexandre Dumas en 1841.
Dès l'Antiquité, la Crau, sa couverture pierreuse et le mistral qui la balaie, sont mentionnés dans les écrits des géographes et des historiens, tout comme la légende montrant Hercule assailli par deux géants autochtones, et sauvé par une providentielle pluie de cailloux...
Au XIXe siècle et jusqu'à nos jours, la Crau offre la particularité d'avoir conservé son aspect originel désertique et d'être un haut-lieu de la civilisation pastorale méditerranéenne. Telle est l'image bien réelle qu'elle offre au regard des artistes et des écrivains, résidents ou de passage, en les entraînant naturellement sur les chemins de l'imagination et du songe.
De cette Crau contemporaine, devenue - outre un précieux espace écologique - un espace authentiquement poétique, sont ici évoquées deux composantes trop souvent méconnues : d'une part, l'art populaire qui fleurit dans les objets sculptés par les bergers du pays d'Arles ; d'autre part, les célébrations dans la langue des pastre e gènt di mas, au fil des oeuvres des grands poètes provençaux, depuis Frédéric Mistral (1830-1914) jusqu'à Max-Philippe Delavouët (1920-1990).