La liquidation
- Penses-tu, Philippe, que nous soyons définitivement condamnés à vivre dans un monde pareil ? Crois-tu qu'il existe autre chose... je ne sais pas, ailleurs, au-delà... Pouvons-nous encore rêver ? Tu y penses, quelquefois ? J'entends tous les jours des clients me raconter des histoires. Est-ce que tu risquerais ta vie, toi, pour prendre part à une insurrection ?
Dans ce roman d'anticipation politique et économique, le monde que nous avons connu a beau toucher à sa fin, l'économie de marché n'en continue pas moins de faire «des progrès», sous la férule des banques, qui ont accaparé tous les pouvoirs, cherchant dans les décombres de notre civilisation de quoi survivre et même triompher encore. Dans cet univers totalement désenchanté, où tout semble se rétrécir, et où seule la rigueur implacable du calcul économique constitue un point fixe, quelque chose finira par échapper au contrôle. L'auteur, qui se plaît à retrousser les grands thèmes orwelliens pour les transposer au totalitarisme des marchés et à la tyrannie de l'autocontrôle disséminé, entraîne le lecteur dans une machination grandiose, dont Smithski, le personnage principal, est la victime et l'instrument. Cette machination, dont on peine à imaginer l'intention, laisse espérer plus d'un retournement...