La vieillesse des uns et le travail des autres : les enjeux contemporains d'une rencontre séculaire
La forte augmentation de la part des «vieux» - en particulier des «très vieux» dans la population totale alimente la croissance des activités de service à la personne et favorise la création en nombre d'emplois salariés caractérisés par une féminisation très élevée et une précarité notoire (importance du temps partiel subi, faible niveau des rémunérations...).
Quels sont les savoir-faire et être, non officiellement reconnus en tant que qualifications, mis en oeuvre dans le «travail en train de se faire» pour accompagner les plus âgés d'entre nous dans les actes de la vie quotidienne qu'ils ne peuvent plus réaliser seuls ? Que se passe-t-il de significatif au plan sociétal dans les échanges singuliers qui, à cette occasion, se nouent entre des travailleuses salariées réputées peu qualifiées et des retraités âgés ayant besoin d'être aidés ? Plus précisément encore, qu'en est-il des tâches comme «passer du temps à se parler sur la fin de vie et la mort», non officiellement identifiées en tant que telles, mais très récurrentes dans les interventions salariées auprès de personnes âgées en perte d'autonomie, qu'elles soient maintenues à domicile ou placées en institution ? À quelles conditions ces tâches peuvent-elles accéder à la qualification au regard de l'efficacité sociale qu'elles contribuent à produire ? Les différentes contributions composant l'ouvrage s'efforcent de préciser les implications de ces questions et d'y apporter des éléments de réponse.
À l'échelle des territoires, la connaissance des modalités et des enjeux du travail des uns dans la vieillesse des autres peut venir en appui aux décisions relatives à la prise en charge des difficultés liées à l'avancée en âge comme aux orientations politiques générales qui la fondent. Dans ses ressorts économiques, sociaux et culturels, cette connaissance donne notamment des repères pour étayer l'alternative actuellement en jeu autour des rapports entre générations dans notre société : d'un côté, poursuivre en l'amplifiant la solidarité salariale via la cotisation sociale ou, de l'autre, encourager la responsabilité individuelle via l'épargne complétée, si nécessaire, par une solidarité/assistance à minima palliant ses défaillances.