Le métier de la politique sous la IIIe République
Comment vivaient-ils ? Combien gagnaient-ils ? Comment devenait-on "homme politique" ? Fallait-il suivre un cursus, de la réussite scolaire aux succès électoraux ? Et d'ailleurs la politique était-elle un véritable "métier" ? A la fin du XIXe siècle, la politique était restée une affaire de notables, souvent fortunés et disponibles, qui concevaient cette pratique comme une seconde activité, plus sérieuse qu'un hobby, mais en aucun cas comme une profession. Elle ne leur rapportait rien et même leur coûtait de l'argent. C'était une aventure individuelle plutôt que l'affaire d'un groupe ou d'un parti ; ceux-ci, d'ailleurs, n'existaient guère avant 1900. La Troisième République (1875-1940) est justement la période de la transformation de la pratique politique en un véritable métier. On suit désormais un cursus honorum, avec ses formations universitaires spécifiques, ses voies d'accès à l'engagement et aux candidatures. L'acclimatation des Français au suffrage universel a changé la relation entre l'homme politique et ses électeurs. Un nouveau personnel est apparu, d'origine sociale plus diverse, qui conçoit la politique comme un métier, un travail à plein temps ou presque, une activité dont on doit au moins pouvoir vivre décemment, la carrière d'une vie et non un passe-temps éphémère. Ce livre décrit cette professionnalisation de la politique.