L'école, le collège : y rester ou en sortir : la construction du potentiel de formation parmi les familles d'enfants gitans et maghrébins de Barcelone à Perpignan, Montpellier et Toulouse
L'appel à recherches coordonné par le ministère de l'Enseignement Supérieur, dont le texte qui suit représente une des grandes conclusions, avait une magnifique qualité : il disait «Nous ne savons pas ce qui se passe parmi les enfants des populations pauvres, mais nous observons un éloignement dangereux de l'école parmi eux». Hasnia-Sonia Missaoui a choisi deux populations parmi les plus concernées : les Gitans et les Maghrébins nouveaux-arrivants. Elle est entrée dans les appartements, dans les cours d'immeubles, dans les écoles, a traversé souvent la frontière le long des étalements familiaux des uns et des autres. Elle s'est par ailleurs appliquée à discerner les initiatives, positives pour les enfants, émanant d'institutions au coeur des dispositifs français : Inspection Académique, agents d'animation de la Mairie de Perpignan, coordination d'associations de Gitans de Catalogne.
Hasnia-Sonia Missaoui nous délivre, dans la réalité des descriptions de terribles conditions de vie, des constats optimistes : au coeur de la crise, des processus de recomposition se manifestent, car l'intensité du lien social, familial ou autre, qui caractérise les pauvres, ne se satisfait plus de l'immobilisme des institutions, de l'ambiguïté des politiques d'intégration, de la distance aux pouvoirs.
Lien social, mobilisations de proches, pour des autoformations de jeunes, qui non seulement leur garantissent souvent ce que stages puis RMI ne procurent que rarement, mais encore réactivent des savoir-faire oubliés par la génération précédente.
Alain Tarrius