Molière et le jeu : actes du colloque international de Pézenas, 19-20 juin 2003
"Je veux qu'on soit sincère", tonnait Alceste, mais "le fond de notre coeur" se montre aussi peu dans "nos discours" que dans nos actes. Le monde, on le sait, est une scène dont tous les hommes sont les acteurs. Cette notion de jeu, au coeur de la vie, imprègne tout particulièrement l'oeuvre de Molière auteur et metteur en scène, qui fut appelé le "peintre". Le domaine est si vaste qu'il a fallu se limiter pour ne pas s'éparpiller, et c'est du dramaturge et de son écriture qu'il sera question dans cette deuxième biennale (en attendant les prochaines).
Dans ce théâtre d'une diversité extrême, le jeu, c'est celui des personnages avec leurs songes et leurs mensonges, leurs fantaisies, leurs hypocrisies, leur bêtise ou leur vanité. Partout, les grimaces de "mauvais singes", mais aussi d'habiles singes en perpétuelle représentation. A chacun, au gré des milieux et des pièces, sa "comédie" élégante ou enjouée, odieuse ou radieuse, sotte ou bouffonne. Jeu avec les autres et avec soi-même, jeu pour le jeu, jeu enfin de l'auteur lui-même avec le genre comique et ses codes, avec le langage, avec sa propre création.
C'est de tout cela que cette deuxième biennale se propose de débattre, sans pour autant prétendre épuiser le sujet. C'est dans ce dessein que des universitaires spécialistes de Molière sont venus des quatre coins de France et de l'étranger pour se retrouver sur les terres mêmes où Molière a commencé sa prestigieuse carrière.
Jean Émelina