Ode au vent tardif
Ce livre est-il un adieu à la poésie ou un adieu à la jeunesse ? Est-ce un chant funèbre, une élégie ? Comme semblent le dire le titre du recueil et les six séquences qui le composent ? Les noms qui seuls subsistent des corps, et la mémoire seule gardienne de ce que le temps défait, la flamme qui éclaire la nuit, enfin le vent qui efface, de sorte que toute littérature n'est autre qu'un « bordel amer ». À quoi bon le nier : je demeure un poète élégiaque. Mais ce poème n'est pas une élégie, malgré les apparences pas un chant funèbre. Je crois plutôt qu'il doit être lu comme un appel à la poésie (un appel au secours ?). Car c'est bien d'Elle qu'il s'agit, « la mélancolique et la furieuse », « la lyrique et l'anti-lyrique ». Elle
qui fut pourtant
le seul ornement de cette vie
que nous avons si mal aimée