Un figuier venu d'ailleurs : la Retirada
Jordi ne veut plus entendre sa vieille tante Azucena radoter sur l'exode espagnol de 1939. «La Retirada» ne le concerne pas. La seule guerre qu'il tolère, c'est celle qu'il mène contre Mortyfer sur sa console vidéo. Jusqu'au moment où, malgré lui, il se trouve plongé dans le passé des siens. Pour sortir de ce cauchemar, il devra admettre qu'il est l'héritier d'un exil, d'un enracinement et du rêve d'une société plus juste.
«Pour ce que Jordi sait de la guerre d'Espagne, les républicains se battaient eux aussi avec des armes. Il a entendu conter les hauts faits des anarchistes de la colonne de Durruti. Pourquoi le charpentier a-t-il renoncé à son avantage ? Il le lui demande.
- Je ne sais pas, répond l'homme, penaud. Je ne peux pas me résoudre à tuer. Tu vois ces mains-là ?
Il montre à Jordi des doigts noueux, des paumes calleuses :
- Elles sont faites pour travailler, pour construire, pour... (il baisse la voix) pour aimer... pas pour assassiner.»