Tire-Lignes 2023 # La culture éveille le territoire
Chouette de Tengmalm, reproduction de l’illustration extraite de l’album d’Anaïs Massini, "Aux Oiseaux" © Editions Grasset & Fasquelle, 2023.
Seul on ne peut pas grand-chose, c’est encore plus vrai dans la culture, que ce soit pour créer, se faire connaître, faire rayonner, sauvegarder, valoriser, à la fois dans le secteur de l’audiovisuel, du spectacle vivant, tout autant que dans le secteur du livre, de la lecture et du patrimoine qui n’échappe pas à la règle. Tout est affaire de liens.
Des liens à nouer, au fil des rencontres et des opportunités, fruits du hasard ou de choix, avec des professionnels comme des artistes et/ou des institutions comme l’État et les collectivités, afin de tisser un réseau, s’insérer ou développer une communauté, s’appuyer sur un socle et trouver ainsi sa place dans un écosystème. Ces liens sont tantôt évidents, faciles à créer, par affinités, par le partage de valeurs et d’envies communes, par la proximité géographique bien que parfois difficile dans les zones rurales ; tantôt ils se révèlent plus délicats, complexes à amorcer, à cultiver, poussant à faire preuve de stratégie, d’ingéniosité, pour faire naitre et perdurer les projets, toujours au service d’une culture partout et pour tous.
La filière du livre est plutôt exemplaire en la matière comme vous pouvez le découvrir à travers ce nouveau numéro de Tire-Lignes, qui vous partage nombre d’initiatives en Occitanie comme ailleurs. Fonctionner en écosystème et jouer la carte de l’interprofession est la clé de survie de notre filière depuis les années 1980 et la garantie d’une bibliodiversité. Initier des collaborations originales entre différents maillons de la chaîne vient impulser de nouvelles dynamiques sur les territoires, des manières différentes de créer, penser et faire circuler les savoirs et les idées, pour aller toujours plus au-devant des publics, là où ils se trouvent. L’heure est au croisement d’expériences et de regards pour faire émerger des modes rénovés de coopération visant à faire rayonner la culture et à l’ériger en facteur-clé du développement durable de nos territoires.
Que ces projets émanent d’initiatives personnelles, singulières ou de desseins politiques, ils sont tous, à différents degrés, accompagnés, soutenus, portés par l’État et des collectivités territoriales qui jouent pleinement, avec force dispositifs, leur rôle de fidèles partenaires défenseurs de la culture comme catalyseur de synergies et comme garante d'un riche maillage du territoire.
Tout comme la chouette veille la nuit, continuons de veiller à la vitalité et à la diversité de la création sous toutes ses formes d’expression, mais aussi aux talents, émergents comme confirmés qui, par les projets qu’ils inventent et portent, incarnent et dynamisent les territoires, en faveur de leur attractivité. Car l’enjeu est bien-là : artistes et pouvoirs publics œuvrant conjointement en faveur du bien commun qu’est la culture pour préserver le « bien-vivre » ensemble.
Serge REGOURD, Président d’Occitanie Livre & Lecture
SOMMAIRE
> Vers des territoires culturels engagés ?
> Anti-manuel de projet de territoire
> Montpellier 2028, un pari (déjà) gagné pour le territoire
> Coopérer pour valoriser (limédia.fr)
> La culture, facteur d’attractivité du territoire (Montolieu)
> Vivre Livre ! ou l’incarnation d’un écosystème territorial du livre
> Croiser pour inventer et semer
> L’interprofession ou cultiver les liens au service de la bibliodiversité
> La médiation culturelle, créatrice de liens dans nos campagnes
> C.R.É.E.R
> Des espaces et des hommes pour un monde durable
> Faire se croiser les voix de la création
> Se mêler à la mêlée
© Samuel Dykstra |
Illustration de couverture : Chouette de Tengmalm, reproduction de l’illustration extraite de l’album d’Anaïs Massini, Aux Oiseaux © Editions Grasset & Fasquelle, 2023.
Anaïs Massini n’envisageait pas en faire son métier et pourtant…, elle se lance dans l’illustration en 1999, année de sa première publication et de son diplôme d’illustration narrative à l’école supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg, actuelle HEAR, et décide, à l’école supérieure de design d’Hambourg, actuelle HAW, de se spécialiser en littérature jeunesse. Son style graphique évolue et oscille entre un sens du détail minutieux quasi scientifique et une grande liberté dans le geste. Sa technique de prédilection était au départ l’aquarelle mais elle travaille aujourd’hui principalement à la gouache bien diluée et appliquée au pinceau, tout en incluant aisément les outils numériques selon les projets développés. Suite à un séminaire avec Jeanne Benameur en 2015, elle ancre désormais le texte à sa pratique. Son attention particulière à la pédagogie de la créativité l’a conduite dans les années 2000 à développer, à travers des collaborations avec d’autres acteurs culturels (chorégraphe, metteur en scène, historienne…), une recherche sur le lien entre corps et impulsion créative : co-autrice du spectacle Je suis Tigre (Compagnie Groupe Noces, 2020), elle a imaginé de grands dessins à interpréter comme une partition par les acro-danseurs. Elle a par ailleurs rejoint l’enseignement en 2016 en décrochant le Capet d’Arts Appliqués option métiers d’Arts illustration. Anaïs Massini vit dans l’Aveyron et est cofondatrice et membre depuis 2017 du collectif Les Ateliers du Geste (ADG), un lieu d’expérimentations sociales, artisanales et artistiques en milieu rural. Ces dernières années elle a principalement publié aux éditions Grasset Jeunesse.
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