Tristram

Tristram, installé dans le Gers depuis plus de 3 décennies, est l’unique maison d’édition gersoise. C’est pour cela, mais, aussi et surtout, pour son travail autour de la retraduction de grands textes classiques (L’île au trésor…) et pour son exigence dans le choix de textes singuliers (Nina Allan…) qu’il nous a semblé indispensable de les inviter. Ne boudez pas votre plaisir ! Venez rencontrer des éditeurs passionnants et passionnés…
Émilie Doeuvre, responsable formation, Médiathèque départementale du Gers

[RENCONTRE PROPOSÉE PAR LA MÉDIATHÈQUE DÉPARTEMENTALE DU GERS le 11 février 2022]

Tristram, une maison d'édition singulière (8:55 min)

Tristram et la traduction (12:54 min)

Quelques questions à Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot, éditeurs de Tristram 

Sylvie Martigny et Jean-Hubert Gailliot (photo : Matthieu Sartre)

Pourquoi êtes-vous devenus éditeurs ?

Sylvie Martigny & Jean-Hubert Gailliot : Nous avions 25 ans. La littérature nous passionnait, mais aussi ce qui se cachait derrière les œuvres, tout en les rendant possibles : les maisons d’édition, les collections, les revues. La lecture de quelques autobiographies de grands éditeurs modernes (comme Maurice Girodias, Eric Losfeld ou José Corti) a attisé notre désir de devenir éditeurs à notre tour. Leur exemple a beaucoup compté. Même si l’univers actuel du livre ne ressemble plus beaucoup à celui qu’ont connu nos illustres prédécesseurs, nous conservons de cet héritage : 1) le souci de l’indépendance, 2) la volonté de ne publier que ce que nous aimons, 3) l’ambition de construire un catalogue où se mêlent auteurs contemporains et du passé, écrivains français et étrangers, avec cette idée en tête : « La littérature, c’est ce qui change la littérature. »

 

Quel serait le livre que vous avez édité et qui a tout changé pour vous ?
 
SM & JHG : Sur les 200 titres que nous avons publiés en 35 années d'existence, tous minutieusement choisis et édités, beaucoup ont marqué une étape importante dans l'histoire des éditions Tristram. Un livre peut devenir emblématique d'une maison, soit par son impact esthétique, soit par son succès, parfois pour les deux raisons en même temps. Par exemple, Aventures de Huckleberry Finn, de Mark Twain. Cet immense classique de la littérature américaine n'avait jamais été convenablement traduit en français. Nous y avons remédié, en 2012, en publiant la traduction extraordinaire d'intensité de Bernard Hœpffner, qui a enfin permis aux lecteurs français de prendre toute la mesure de ce chef-d'œuvre. 10 ans plus tard, l'ouvrage a déjà rencontré plus de 20000 lecteurs. Il est lu par toutes les générations. Notre traduction est utilisée dans les manuels scolaires. C'est une grande satisfaction. 
 
Quel message souhaitez-vous défendre ?
 
SM & JHG : La littérature est l’art du langage. La langue, bien précieux entre tous, est attaquée de toutes parts : nouvelles formes de censure, appauvrissement de l’expression écrite et orale, académisme, etc. Une langue en déclin, envahie par les stéréotypes, les formules toutes faites, les poncifs d’époque ou la morale à courte vue, ce n’est jamais un signe de bonne santé. S’il y a un rôle politique de l’éditeur, il est là : défendre le langage, jusque dans ses possibilités les plus extrêmes ou provocantes.

Votre actualité du moment ?
 
SM & JHG : En ce début d’année 2022, nous publions un premier roman qui illustre en partie ce que nous venons de dire. Dans Sans plus attendre, Sylvie Durastanti propose une nouvelle version de l'Odyssée d’Homère, où l’histoire est racontée, cette fois, du point de vue de Pénélope. En 200 pages, son livre enjambe 2700 ans de civilisation et de littérature, avec une aisance stupéfiante. Puissance des images, éclat de la langue, voyage à travers l’espace et le temps, tout ce que nous attendons de la littérature se trouve dans ce roman.

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