Les Volcans, une forme coopérative pour une librairie en pleine activité

Avec un chiffre d’affaires de plus de 8 millions d’euros et 49 salariés, cette institution de la capitale auvergnate  avait été sauvée de la fermeture en 2014, par la volonté de ses employés. Entretien avec Philippe Pelade et Boris Surjon, co-gérants de la librairie Les Volcans (Clermont-Ferrand).

« Transparence, solidarité, partage. » En quelques mots, et presque d’une même voix, les deux co-gérants de la librairie Les Volcans à Clermont-Ferrand définissent leur crédo. Onze ans après la reprise en SCOP (Société coopérative participative), Philippe Pelade et Boris Surjon se félicitent d’un sauvetage et d’une belle réussite.

En 2013, le réseau de librairies Chapitre, auquel appartient Les Volcans, est placé en liquidation judiciaire et vendu « à la découpe ». Trente-quatre librairies trouvent repreneur. Pas Les Volcans, qui doivent normalement fermer leurs portes en février 2014, laissant trente-trois employés sur le carreau. « On est partis d’une feuille blanche, et nous avons décidé de relever le défi et de reprendre l’affaire », se remémore Philippe Pelade, alors responsable de rayon.

L’aventure est inédite dans le milieu des librairies. Et se heurte à plusieurs écueils, dont la frilosité de certains acteurs institutionnels. Avec onze autres salariés, Philippe Pelade décide d’une reprise sous forme coopérative, fortement accompagnée et conseillée par l’Union Régionale des SCOP. Soutenus par la population, par deux banques, aidés par la municipalité et la Région, puis par le Centre national du livre (CNL), ils parviennent à boucler un budget de 1,4 million d’euros. Les douze associés, devenus coopérateurs, injectent 300 000 euros dans la nouvelle entreprise, sous forme de parts sociales.

Les Volcans © Julien Revenu 

Une décennie plus tard, le succès est au rendez-vous avec vingt-trois coopérateurs, un espace de 1 800 m², la librairie Horizons rachetée à Riom en banlieue clermontoise, des projets plein les rayons.

Arrivé en 2021, Boris Surjon, ancien directeur d’une agence de France Travail, intègre la SCOP avant d’en devenir le co-gérant. « On travaille désormais sur la création d’un café dans la librairie, sur des travaux de rajeunissement mais aussi sur l’élargissement du nombre de nos sociétaires, ainsi que sur la présence accentuée dans les salons », commente ce spécialiste de l’insertion par le travail. Au gré d’une réunion tous les deux mois avec les sociétaires et d’un comité organisationnel mensuel avec les salariés pour faire remonter les attentes et idées, la SCOP a trouvé son rythme.

Travail en commun avec des entreprises de nettoyage ou informatiques de l’insertion, partenariat avec le Secours Populaire, Les Volcans pratique la proximité et la solidarité. En s’appuyant sur trois marqueurs : l’accueil, le choix des livres, la politique événementielle.

À contre-courant des grandes concentrations ou franchises dans le monde des librairies. « On dit ce qu’on fait, et on fait ce qu’on dit », insiste Philippe Pelade. Tout en ajoutant : « La Scop c’est un outil vraiment moderne. Dix ans après, notre risque un peu fou s’est transformé en réussite collective. »

Philippe Gagnebet, journaliste